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guère occupés qu'à copier les anciens modèles; c'est ce qui res­sort clairement de la liste cles suites entrées dans les magasins du mobilier de la couronne à cette époque. La première Tenture cles Indes, imitée de sujets indiens, offerts au roi par le prince d'Orange, qui furent plus tard entièrement refaits par le peintre Françots Desportes, est à peu près le seul- modèle nouveau dont l'apparition soit signalée sous la direction de Mansart. On n'ose pas entreprendre de grands travaux. On cherche avant tout l'économie; on exécute beaucoup de portières et d'entre-fenêtres. De cette période datent les Saisons grotesques, de Claude Audran, et les Mois grotesques à bandes, du même, modèle charmant, sans précédent, et qui mal­heureusement n'aura pas d'imitateurs. Avec ces deux suites, d'un goût très original, très nouveau, le xviii0 siècle entre en scène. Un artiste comme Audran eût été capable de régénérer la manufacture. Il fallait un peintre délicat et ingénieux; le roi nomma le duc d'An tin. Cependant de l'administration de ce grand seigneur, qui se prolongea jusqu'en 1736, datent quelques sujets nouveaux. Ce sont les scènes de Y Ancien et du Nouveau Testament, empruntées à Coypel et à Jouvenet; les Chasses de Louis XV, commencées en 1733; mais c'est trop empiéter sur le xvnie siècle. Nous revien­drons sur cette période quand nous en aurons fini avec les tapis­siers français et étrangers de la fin du xvii0 siècle.
Manufacture royale de Beauvais. — Dans les lettres patentes de 1664, organisant la manufacture royale de Beauvais, le roi déclare avoir en vue le rétablissement î de la manière de tapisseries de celles de Flandres, dont la manufacture avoit cy devant esté introduite en la bonne ville de Paris et les autres du royaume par les soins du feu roy Henry le Grand... » Comme la basse lice fut de tout temps seule en usage à Beauvais, ce passage confirme ce qui a été dit plus haut sur l'introduction de la basse lice à Paris sous Henri IV.
Louis Hinard, marchand tapissier et bourgeois de Paris, était placé à la tête des ateliers de Beauvais aux conditions suivantes : le roi payait les deux tiers de l'achat du terrain et du prix des con­structions nécessaires à la manufacture, jusqu'à concurrence de 30,000 livres. Une somme égale était avancée à l'entrepreneur pour l'acquisition des laines, soies, étoffes et tentures nécessaires; mais ces dernières 30,000 livres, ne portant pas d'intérêt, devaient être remboursées dans un délai de six années. Le nouvel atelier de Beau-